mardi 18 août 2015

Quel Cirques : De Luchon à Gavarnie : Jour 7

Lundi 03 Aout 2015 / Du Lac de Coume Escure à la Montagne de Badet (sous Port de Cambieil)



Départ de bonne heure ce matin encore, enfin toujours avec un réveil vers 6h. Beau lever de soleil sur la montagne qui nous fait face ( Mont Arrouy ? peut-être ? ) et toujours la lune en gardienne éclairée de ces nuits. Rangement, Petit-déjeuner, pliage…et départ.


Il y a déjà du monde qui passe en face . Nous partons et rejoignons le sentier qui monte au dessus du lac, entre les groupes qui partent du refuge ou des autres campements autour du lac de la Glère. Et ce départ matinal se fait plutôt en forme… Pour nous aussi, même si nos sacs nous donnent un « léger » handicap… Des panneaux indiquent la direction du parc à une demi heure,et tous montent par là ! Sauvés ! Sauvés alors que nous prenons tout droit en direction du refuge Packe… Tout droit pour l’instant. On va suivre le sentier qui longe la montagne à mi flanc puis couper et monter sur l’étage suivant… J’attends à tout moment la vue sur le lac du Pourtet. On va monter à un autre étage, et surveiller les marmottes que l’on entend, sans les voir…


Du coup nous sommes sur le dernier plat avant le refuge et enfin le lac du Pourtet apparaît, imposant, niché dans un écrin presque pudiquement. Le refuge dressé comme une chapelle domine la crête,  et nous nous y rendons. Nous venons d’atteindre notre premier col de la journée : le col de Rapiet 2509m .  on a bien marché, on est dans le temps indiqué par les panneaux en bas, 1h15…




De l’autre côté la vue est à couper le souffle ! Verticale ! Le lac de Rapiet s’étire, encore noyé dans l’ombre qui diminue alors que le massif du pic long est baigné de lumière.





Nous visitons le refuge, extrêmement propre, puis nous descendons par la sente qui nous mène juste en dessous de l’étang de Couyela det Mey.


Comme nous quittons le sentier « balisé », je vais rester prudent et bien suivre les indications que j’ai pu lire pour accéder à la Hourquette de Bugaret. Nous remontons pour surplomber le premier étang à l’eau bleue turquoise, puis continuons vers l’étang de Bugarret. Je commence à imaginer où se trouve l’accès a la Hourquette : il y a une bande herbeuse à droite des éboulis, et justement, deux personnes descendent… Nickel !

Nous nous dirigeons vers le torrent qui alimente le lac, nous le traversons et commençons l’ascension en lacets dans la pente herbeuse… Nous attendons ensuite que le couple termine de descendre, puis reprenons la montée… et quelle montée ! Bon ça monte, 400 m de dénivelé, de bons lacets, courts mais costauds… Nous prenons notre temps, en faisant des pauses fréquentes, chacun notre tour…


Nous passons la première partie de direction sud/nord et contournons le rocher pour monter a présent vers l’Est. La pente est encore plus forte, mais la vision de l’arrivée nous booste… mais voir le sommet n’est pas arriver, et il reste encore de bonnes longueurs, direction S/E sous le rocher… Allez encore un effort et enfin le col, la Hourquette et la vision sur le lac de Cap de Long.


Et de deux ! là, c’était vraiment pas de la tarte ! il se mérite surtout avec des sacs comme les nôtres ; finalement ça se fait, et je suis content qu’on l’ai fait… Autre point, je connais un peu Pascale et sa persévérance, mais plus que son désir de m’accompagner, je reste stupéfait de sa confiance…Elle a peut être plus confiance en moi que moi-même.  Elle en prends plein les yeux, elle savoure, elle se délecte, elle encaisse , mais elle se plaint pas, elle me suit, ses pas dans les miens, l’ombre de mon ombre ou me précède… une formidable coéquipière…

De la Hourquette, à 2614m, j’ai prévu de faire en sorte de ne pas perdre l’acquis d’altitude pour nous diriger vers la montagne de Cap de Long et la Hourquette du même nom. De fait nous allons tenter de passer en longeant sous la crête ver le col Tourrat, mais des arêtes difficilement franchissables vont faire barrage et nous obliger à descendre le ravin par les herbages en couloirs abrupt… Bon ça va être casse-gueule ces passages, et parfois il faut s’aider des mains, ou balancer les bâtons pour descendre.

Je suis descendu au bas du ravin, et c’est l’heure de faire la pause. Pascale a continué et tout en ne perdant que peu de hauteur va réussir à trouver un passage… Je l’appelle avec regret, elle tient le bon bout, mais elle va descendre et me rejoindre… Il est temps pour nous de nous reposer, de reprendre des forces, et du tonus.


Nous repartons : on va contourner le petit mamelon qui nous fait face et suivre la courbe des 2500m. ça se fait assez bien ! nous trouvons assez bien les parties herbeuses qui nous permettent d’avancer tout en restant sur le même niveau… et finalement nous retrouvons des cairns, et un sentier assez fréquenté…d’ailleurs y a du monde qui descend.


Nous devons monter, une longue montée sous la domination du Campbieil. Plus que la montée qui nous fatigue, nous prenons plaisir à admirer la roche ; du magma… Nous atteignons le plateau, étonnant mélanges de schistes , dressés comme des orgues de Staline, un peu dans tous le sens, de ces plaques rondes comme des lions de mer échoués, ce se sol presque lunaire sur lequel quelques plantes ont décidées de résister…



Une femme et sa jeune fille descendent à leur tour… Sans réel équipement… Je suis souvent surpris des volontés des touristes, parfois avec des enfants…La balade du pic d’Estaragne et du Campbieil n’est quand même pas qu’une simple boucle…M’enfin ! Pour notre part c’est notre troisième col ! Avec vue superbe sur le Mont Perdu, et la vallée du Sausset… Par contre, le temps n’annonce rien de bon, le ciel blanchi, et plus loin des nuages montent… la journée va se terminer sur une note d’orage.


J’avais mis dans le programme de monter sur le Campbieil et c’est vrai que cela ne semble plus qu’une formalité de monter sur le dos de ce gros dinosaure, mais là on n’a vraiment pas le temps de passer une heure en aller retour…


Nous nous lançons dans la descente dans l’éboulis du versant Sud. Nous tentons de suivre la sente qui trace du col au port de Campbieil. Si la première partie est plutôt négociable, la suite dans le versant va être sacrement épique. Pour la trace, quelques cairns vont nous permettre de vérifier qu’on se fout pas dedans, mais pour le reste, ça va être un long numéro d’équilibriste, de surfeur… Bonjour les genoux ! Pff on déguste, et il me tarde d’atteindre les lacets du col.


Pfffiou ! C’était pas de la tarte… et content que nous soyons arrivés intacts tous les deux. C’est le genre de passage ou on risque plus de prendre une mauvaise blessure que dans tous les passages qu’on a déjà pu prendre… Allez, la source qui coule dans le lacet, est la bienvenue…j’avais sacrement soif ! Nous rassemblons nos forces et terminons les quelques lacets qui nous séparent du col…fissa… les orages montent bien plus vite que nous ! Et voilà : et de quatre !


On ne va pas trop s'attarder à admirer la vue sur la vallée de Piau Engaly. On passe à gauche du névé accroché sous le col et on attaque la longue descente dans les schistes… longue descente sur laquelle nous ne traînons pas. Si possible, j’aimerai arriver près des laquets sur le plat à la côte 2343, mais déjà l’orage est là, grondant, tonnant lançant des éclairs dans notre dos… quelques gouttes tombent, de plus en plus grosse, mais nous n’arrêtons pas, encore une descente au pas de course !. Nous atteignons le croisement du sentier qui descend sur Piau, et peu après, trouvons une partie presque plane, ou nous pouvons nous installer… De toute façon, il y a urgence : il faut monter et vite !

Nous sortons nos tentes, et hop, quatre sardines, j’accroche l’arceau, je rentre le sac à dos, il pleut… il faut encore poser les piquets et tendre les extrémités, et à l’abri. Pascale aussi a réussi tant bien que mal à poser sa toile et à se mettre à l’abri. L’orage tombe pas loin, un coup de vent vient secouer nos tentes, les rafales se font plus fortes, trop forte, j’attends une accalmie de la pluie pour aller mettre des haubans et voilà, paré pour la tempête.

Il est déjà tard, près de 19h… ce fut une grosse journée… Bon, l’emplacement n’est pas top, j’ai pris le plus penché laissant le plus grand et plus plat à Pascale, mais le tout dans l’urgence… pas grave ! je calerai mon matelas avec le sac à dos.  Il est temps de préparer le dîner… j’ai faim !

La pluie se calme, et je vais chercher de l’eau au torrent… les brebis se rassemblent juste en dessous de notre bivouac. Je ramène une bouteille d’eau à Pascale. Bon, elle n’est pas top l’eau…La forte pluie d’orage à un peu lessivé autour du torrent, Heureusement il prends sa source un poil plus haut sous le pic des Aguilous… Pour ma part je vais la faire bouillir pour cuisiner…

Il va repleuvoir un peu, d’autres orages vont s’essaimer puis ça va se calmer… je vais aller faire un brin de toilette au ruisseau, j’ai les jambes noires jusqu’aux genoux… Mais bon, j’ai surtout besoin de repos… Entre temps, pendant l’orage j’ai potassé la carte, et compte tenu de l’expérience de l’éboulis sous la Hourquette de Cap de long, je vais proposer à Pascale de descendre par les cabanes de Aguilous et de l’Aguila pour remonter par le gave des Touyeres… C’est plus long, mais j’ai pas envie de laisser un genou sous le col de la Sede… Et puis je sature un peu de cette caillasse ! Un peu de vert nous fera du bien… Pascale est d’accord, et plutôt rassurée de cette étape beaucoup plus pépère.

Je regagne ma tente et dodo…

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