mercredi 17 décembre 2014

Etape 1 :De Luchon à Hendaye, ma traversée des Pyrénées en 2014.

Premier jour, le samedi 19 Juillet 2014-10-16

Bagnères de Luchon - Coume de Bourg : 13.534km, Dénivelé 1561m



Départ à l’heure du TER de la gare de Boussens vers Montrejeau. Il y a du monde dans le train, des jeunes qui partent en vacances…Ah les vacances !

Finalement, il n’y aura pas de car à prendre à Gourdan, le train va continuer en mode diesel jusqu'à Luchon. Ce qui, étrangement, va perturber quelques passagers. Il se trouve qu’un peu plus loin dans le wagon, il y a un débile, un vrai, avec sa mère qui le calme et, une fois parti de Gourdan en sens inverse pour prendre la voie de Luchon, un autre va se manifester et demander des explications à la jeune contrôleuse qui va tenter en vain de le rassurer. Celui-là, il en tient une couche, il se braque et ne comprends pas que le train reparte dans l’autre sens, ce qui pour lui le ramène à Toulouse. Rien a faire, il monte dans les tours… Le premier se bidonne de le voir ainsi s’énerver, et finalement c’est la mère du premier qui va calmer le second… ça fait drôle cette situation, irréel… et pourtant.

Il faudra arriver sur Luchon pour que tout rentre dans l’ordre. La montée du train ne s’est pas faite dans un long chemin tranquille. Les branchages encombrent les voies et le train prend son temps sur des rails qui manquent cruellement d’entretien.

Arrivée donc en gare de Luchon. Il fait beau, chaud même en cette fin de matinée. Je quitte rapidement la gare pour me rendre à la boulangerie que je connais à l’intersection. Il me reste le pain à prendre avant de partir. Je prends une boule de près de 500gr , je la glisse dans le sac, défaits les bâtons et je file en ville, en suivant les balisage du GR. Je les suis et je finis par constater que ce n’est pas bon, j’avance trop vers les thermes et le parc, j’aurais du aller plus à droite. Je change de trottoir et je vais finir par trouver le départ du GR. J’ajuste les bâtons et c’est parti, direct en montée.

J’ai à peine avancé sur la montée que je m’arrête déjà, humm des prunes qui attirent mon regard et  mes mains…

Finalement, ça y est je suis parti, mais au fond, je n’ai pas la pèche, un rien me retient, des photos, une source, des fleurs, des champignons, une vue…En plus ça monte, ça fait pas semblant, 1200 de D+ rien que pour aller à Superbagnères. Et inutile de rajouter que je suis bien chargé, et qu’il fait chaud, et un poil lourd, orageux, aussi.

La piste qui emprunte l’ancienne crémaillère est mortelle. En plus je viens de faire ma pause déjeuné, Pff… Bon ça ira mieux après, mais j’ai l’impression de ne pas avancer, en fait je n’avance pas, je m’arrête tout le temps, Je n’ai pas de souffle, je n’ai pas les jambes, j’ai soif et j’ai déjà presque plus d’eau, et en prime, ça cogne … et enfin j’aperçois les immeuble de Superbagnères. Ouf !

Mais c’est comme quelque chose d’inaccessible, là si près et pourtant si loin, si haut encore. Ce n’est pas sans mal, même en ayant essayé de couper, sans résultats, pour arriver plus vite aux pieds des bâtiments. J’arrive enfin sur la grande place de la station de ski.  Il y a du vent, et peu de monde dans la station endormie.  Un café est ouvert et je ne vais pas repartir sans arroser cette première ascension : Je commande un grand demi-panaché, un double que je vais prendre sur la terrasse. Je n’ai plus de jambes et une fois assis, sans le sac, j’ai les jambes qui flageolent, je suis déjà épuisé, et j’ai mis trop de temps à monter. Il est déjà 16h, et je n’arriverai jamais au lac ou au refuge d’Espingo comme prévu.

Je reprends du poil de la bête avec ce grand demi-panaché, ça fait du bien. Normalement ça ne doit pas beaucoup monter, alors j’y vais, je repars. Mais, j’ai quand même du mal, j’ai vraiment plus de jambes, même si je me balade sur la crête, en admirant plus bas la Cascade du Lys et sa vallée, et les cimes  de l’Aneto, plus loin, encore bien blanches.

Je m’éloigne et je me retrouve seul, rare sont ceux qui suivent le GR10, pourtant je vais marcher un moment avec un touriste plus en jambes que moi et que je fini par voir s’éloigner. Moi, je n’en peu plus, je cale. Le vent se fait plus fort et il est contre moi en plus ! Le chemin passe à flanc de montagne, il est un peu étroit avec parfois des passages d’arêtes qui coupent le sentier transversalement ; je suis naze, le vent me bouscule, les arêtes à franchir me font mal… je n’avance pas, je regarde la carte et je décide d’avancer jusqu’en bout du vallon qui remonte à ma droite, vers ce col qui clôture l’horizon, je devrais pouvoir m’y installer, et peut-être trouver de l’eau.

Sur la carte il y a des sources en effet à la Coume de Bourg et j’espère que le profil du terrain me permettra de m’y installer. J’y arrive enfin, le vent est fort cette fois et je descends en contrebas du chemin vers les sources. Je pose mon sac et vais remplir ma gourde. Je suis à peine abrité du vent, juste assez pour planter sans trop de difficulté la tente. Le vent à poussé les nuages et je me hâte, car je crains qu’il pleuve déjà, ou qu’un orage éclate. Finalement je ne suis pas vraiment abrité et la tente ploie sous les bourrasques violentes. Je vais être obligé de renforcer les fixations, tendre la toile et tirer les haubans.

Une fois diné, dodo, enfin, je fais le vœu de dormir, mais les rafales font un bruit d’enfer, la toile vibre, claque, se tend, se détend. Dans la nuit la pluie s’en mêle, le vent souffle en tempête, avec quelques répits qui me permettent de trouver un peu le sommeil. Le temps se calme à peine avec le matin qui arrive. Les répits sont plus longs peut être…

La toile a tenue, et c’est déjà un soulagement. Allongé, je me suis reposé, même si je n’ai pas bien dormi.

Etape 2 :De Luchon à Hendaye, ma traversée des Pyrénées en 2014.

Deuxieme jour, le dimanche 20 Juillet 2014

Coume de Bourg - Granges d’Ourcibats, Loudenvielle Distance : 20.098km, D+ :1331m  D- :2407m


Avec le matin, le vent s’est calmé et il ne pleut pas. J’ai pu dormir un peu. Je prends mon petit dej, puis je range et j’arrive à plier la tente sans trop de mal. Dehors le ciel est bas, et ça ne me rassure pas.

Départ. J’arrive assez vite au col, c’est fait. Le passage d ‘un col est souvent synonyme d’une descente, mais là non, je longe un cirque sur un sentier plus ou moins bon avant d’attaquer un autre col mais ce qui m’inquiète ce n’est pas la qualité du chemin, mais plutôt le temps qui se charge. En fait, une lourde chape nuageuse descend des sommets, alors qu’une autre monte de la vallée d’Oo. Ça promet une belle journée ça.

J’attaque la descente vers Espingo. Pour la suite, en fait, j’ai deux options, la première, monter depuis Espingo vers le lac du Portillon puis descendre vers le lac des Caillauas, puis vers le pont de Prat, mais la majeure partie du trajet n’est pas balisée, ni même vraiment existante, un hors sentier délicat, avec surement pas mal de neige encore au dessus du Portillon et le passage des Gourgs blancs à 2877m ? 
Deuxième option descendre sur le lac d’Oo puis remonter depuis les granges d’Astau vers la grange d’Ourtiga. Compte tenu du temps, j’ai pas trop le choix, avec ce temps bouché, je ne vais pas m’engager sur du hors piste sans visibilité. Direction le lac d’Oo. 

Le chemin est très bon, aménagé, entretenu et je surplombe le lac. Je regrette juste de n’être pas allé voir le lac d’Espingo... Je descends assez vite et arrive rapidement au barrage du lac. Le niveau de l’eau est bien monté depuis notre précédente balade au printemps avec ma fille. J’attaque la descente vers les granges et je croise la grande foule des dimanches alors que je descends à grand pas. Le temps s’est éclairci tandis que je descends et il fait presque beau alors que j’arrive aux cabanes. 

Je vais prendre un jus d’orange en guise d’apéro à une auberge, puis je m’installe pour déjeuner.  Il ne fait pas très chaud, les nuages sont agressifs et ça menace… J’arrive à manger presque au soleil d’une éclaircie, éclaircie de bien courte durée et je ne vais même pas pouvoir faire une sieste. Il tombe quelque gouttes, rien de bien méchant et je ne sais dire si ça va s’arranger ou s’aggraver, mais je lève le camp et je monte vers le bois. Il est temps, la pluie tombe fort à présent et à l’abri des grands hêtres, je vais passer mes affaires de pluie.

Je continue de monter et je croise du monde, pas mal de groupes qui m’indiquent qu’il y a une cabane juste en haut à un quart d’heure. Mais vu que personnellement je monte, et qu’il pleut, et que j’ai pas encore les jambes, et qu’en plus je fais des pauses au sec sous les hêtres en espérant que ça se calme un peu, je ne regarde pas trop la montre. Et ça se calme en effet, enfin la pluie est moins forte, alors je sors du bois et je traverse la prairie d’altitude jusqu'à la cabane.

 Il y a du monde à l’abri dans la cabane, un Hollandais qui s’est étalé, et un couple qui marche sur le GR10 dans l’autre sens. On va papoter un peu, puis la pluie s’étant bien calmée, le couple va repartir et je ne vais pas tarder à partir moi aussi, laissant le Hollandais qui ne semble pas vraiment décidé à repartir.

Là c’est simple : il suffit de suivre le val d’Esquierry par le fond du vallon. 500 m de dénivelé tout de même jusqu’au col à 2131 m au Courret du même nom. Mais la pluie va se remettre à tomber, plus forte encore. J’ai plus le choix : avancer. Mauvaise surprise, mes affaires de pluie ont oubliée d’être étanche, en fait c’est moi qui ai oublié de les réimperméabiliser, et donc elles sont aussi étanches qu’une passoire. Je suis trempé, slip compris… c’est très désagréable…

Je vais croiser trois jeunes, bien trempés eux aussi, on échange quelques infos avant de continuer. J’arrive enfin au Courret (le col), et enfin la pluie se calme. J’attaque la descente vers la cabane d’Ourtigat. Ça glisse, c’est mouillé, ça ruisselle de partout, mais l’accalmie semble tenir. J’accélère le pas, pour tenter de me sécher au maximum, mais l’eau en traversant le pantalon de pluie a ruisselé sur mes jambes et rempli mes chaussures. 

J’arrive sur le plat a proximité de la cabane d’Ourtigat. Un randonneur me fait signe de l’y rejoindre, il a allumé un feu et la fumée sort de la cheminée de la belle cabane. J’ai déjà bien séché surtout sur le torse, et j’hésite à rejoindre la cabane. Je regarde la montre, il est tôt, et je devrais avoir le temps de m’approcher de Loudenvielle, surtout si j’évite de monter jusqu'à Germ, en suivant le val d’Aube jusqu'à la Neste.
Je fais signe a l’occupant de la cabane que je continue de descendre et je suis le sentier jusqu'à la piste. Un peu morbide le coin quand même. Une vache les quatre fers en l’air se ballonne lentement, les intempéries de l’an passé ont laissées des traces encore visible… Allez je fonce, si je trouve une grange, je dormirais au sec ce soir.

Le torrent est aménagé pour alimenter une centrale, et une piste le longe jusqu’en bas. Il va repleuvoir un peu, et je vais me mettre à l’abri sous une grotte avant de repartir. La descente vers la Neste, bien que carrossable est très pentue et glissante. Je vais arriver au Pont de chèvres, enfin. Reste à trouver une grange, mais les granges ont été réhabilitées pour la plupart et aménagées en résidence de vacances. Je vais jeter un œil toutefois à une petite annexe et par chance elle est ouverte. C’est un cabanon ou est entreposé du mobilier de jardin et qui sent très fort l’essence, mais peu importe, je vais faire de la place et m’installer, au sec, et étendre mes affaires. Je vais préparer un repas chaud et copieux et m’installer pour dormir, en espérant que personne ne vienne me sortir de là. 

Etape 3 :De Luchon à Hendaye, ma traversée des Pyrénées en 2014.

Troisième jour, le lundi 21 Juillet 2014.

Loudenvielle – Source du pla de Castillon : Distance : 17.858km, D+ :1548m  D- : 975m



Finalement la nuit n’a pas été si mauvaise. Je me suis habitué à l’odeur d’essence, moins tenace après avoir aéré le local. Il a plu cette nuit, mais j’étais au sec, impeccable ! Mes affaires suspendues ont bien séché et les semelles des chaussures aussi, mais les chaussures sont encore bien humide. Je passe des chaussettes sèches qui m’aideront à pomper l’humidité des chaussures. Le rangement est vite fait, et super, pas de surpoids pour cause de toile détrempée. J’ajuste le sac, je remets le mobilier de jardin tel que je l’ai trouvé et je pars.

Je pars, direction le village de Loudenvielle. Pour l’instant je marche sur la route goudronnée, puis passé la centrale hydroélectrique, je marche sur un chemin carrossable, et déjà j’arrive au village. J’ai prévu de faire quelques courses à St Lary Soulan ;  il n’y a que deux jours que je suis partis, mais je tiens à profiter un max des produits frais que je pourrais trouver en route. A la sortie du village, il y a bien un petit centre commercial, mais pas encore ouvert car 8 h sonne a peine au clocher, et je file. Je suis surpris par le nombre des campings cars installés sur des parkings le long de la Neste, c’est que le tour de France doit passer par ici.

Je traverse le pont sur la Neste pour monter vers Val Louron, et le chemin qui longe le camping est bien raide, un bon casse-pattes.  Décidément, j’ai vraiment pas la forme des grands jours. Alors je le prends comme d’habitude, petit à petit : un gros coup de pieds au cul, je monte de 50 mètres, je cale, je fais des photos, surtout du lac de Genos, de la vue sur Loudenvielle, je reprends mon souffle et je repars. Un jeune couple me suit dans la montée et lui aussi semble accuser le coup. Plus haut, je vais les laisser passer devant. 

Passé les lacets du sentier, je vais arriver sur des pâturages parsemées de jolies cabanes ; très agréable comme endroit. Les lacets de la route qui monte au Col d’Azet sont déjà bien remplis de camping-cars et alors que j’arrive au Couret de Latuhe, c’est la foule des grands jours avec chapiteaux, groupes électrogènes, marabout, et bon nombre de camping-cars… c’est la fête qui se prépare. « Scuzez moi, je fais que passer. »

Je passe en effet, et j’attaque la descente, même si je mets un certain temps à trouver le sentier. En prime, ça glisse, enfin, ça patauge plutôt :  des sources résurgentes que les vaches ont bien piétinées, ce sont de véritables bourbiers… J’arrive a éviter de m’enfoncer jusqu’aux genoux. Plus bas le sentier devient bon , pas trop pentu, agréable. J’arrive à Azet qui se prépare à voir passer le tour. La route est déjà bien investie par les cyclistes amateurs, et je continue ma descente. Le sentier est très agréable. Il passe à coté de granges et est ombragé, superbe. A Estensan, j’aperçois le supermarché dans la vallée de Saint-Lary et je m’y dirige. Je vais arriver au village de Bourrisp, mais je l’évite pour rejoindre le rond point sur la D929. Me voici au supermarché.

Je laisse mon sac à dos à l’accueil et je fais mes courses : fruits frais, jus de fruits, sandwich, yaourt, et je passe à la caisse. A la caisse, je retrouve le jeune couple qui m’a dépassé à la sortie de Loudenvielle. Le plus dur est de mettre tout ça dans mon sac. Je repars ensuite, juste le temps de trouver un coin pour déjeuner.
Direction Vieille Aure par la route. Je vais faire ma pause devant la salle des fêtes, mais le temps redevient incertain, il bruine, les nuages défilent et menacent, et en prime, ce n’est pas la grande chaleur. Un car de militaires qui va surement s’installer dans la salle des fêtes pour la durée du passage du tour dans la région, me pousse à quitter le coin tellement il pollue l’atmosphère avec ses relents de diesel mal réglé ! 

Je repars ; je traverse Vieille Aure, petit village pittoresque des Hautes-Pyrénées et j’attaque la montée. Ouf ! ça calme ! En prime depuis que je monte le beau temps semble revenir, et la chaleur avec. Je vais arriver à mon rythme à l’entrée du musée de la mine, et plus loin à la route. Là le sentier monte dans un sous-bois avant de déboucher sur la même route. Je fais déjà une pause, il fait chaud, et j’ai toujours pas la forme des grand jours, et puis ça monte et puis j’en ai pour des heures pour arriver au col de Portet, et je suis crevé. Je regarde passer les touristes qui se baladent en voiture, les cyclistes qui se mesurent aux côtes.

Allez Petitpas ! quelques mètres de montée, une pause, une photo sur St Lary qui s’étale à mes pieds, magnifique. Je repars. Je quitte le sous-bois et j’emprunte une piste que je vais quitter rapidement pour suivre le GR qui longe une longue clôture qui s’étire sur flanc de cette montagne.

Je sais que je vais avoir du mal à avancer jusqu’au col de Portet, même si j’ai déjà effectué la plus grosse partie de la montée. Je voudrai prendre un peu de temps, laver du linge, cuisiner, me laisser le temps de m’installer. Rien à faire, même si je viens d’atteindre la crête, et que je laisse la piste qui file vers l’alignement des granges de Grascouéou, je n’arrive pas à retrouver un peu de tonus pour pousser le plus loin possible. 

Je me trouve à 1700 m d’altitude, la crête est belle, et accueillante, mais je ne tiens pas à m’installer si prêt du GR.  Plus bas, en fin de piste qui monte d’Aulon il y a une zone herbeuse, bien plane, et abritée de la brise que rien n’arrête sur la crête. En regardant de plus près la carte, j’aperçois une source en contrebas de la zone herbeuse. Je quitte la crête et passe une clôture pour descendre et m’installer sur la zone herbeuse. 

Il fait soleil, et comme prévu je suis abrité de la brise fraîche qui passe plus haut. Je descend jusqu'à la source et j’en remonte, débarbouillé et rafraîchi, avec la poche à eau et la gourde pleine.

Installé sur le tapis de sol, je lave le linge que je mets à sécher sur les branchages entassés au fond du terre plein, et j’ai une pensée pour Pascale en me disant qu’on aurait eu du bois pour allumer un grand feu de camp, mais je ne vais pas l’allumer. Je profite du soleil un bon moment, c’est pas la grande chaleur non plus pour un 21 juillet, puis je monte la tente. Une belle soirée, tranquille. Sur la crête, les toiles de tentes s’installent les unes après les autres jusqu'à tard dans la soirée. 

Etape 4 :De Luchon à Hendaye, ma traversée des Pyrénées en 2014.

Quatrième jour, le mardi 22 Juillet 2014.

Source du pla de Castillon – Lac Estagnol ( Pic d’Astazou) Distance : 19.849km, D+ : 1435m D- :844m



J’espérais un départ matinal, mais la nuit ne fut pas aussi douce que je l’avais espérée au moment de me coucher. Des gaz abondant puis une diarrhée m’ont quelque peu empêché de bien dormir. Pas d’inquiétude, je me doute que le déjeuné pris hier sous la bruine s’est porté sur la digestion…enfin pas inquiétude, si quand même une petite, faudrait pas que ça persiste trop longtemps, déjà que j’ai pas un moral d’enfer, alors il m’en faudrait pas beaucoup pour que je prenne le billet de retour.

Le soleil pointe son nez de bon matin, enfin…Allez, ça me redonne un petit coup de tonus. Pas un nuage à l’horizon, il fait trop beau! Ce matin la toile est couverte de rosée que les premiers rayons de soleil vont avoir du mal à sécher. Je vais éponger le côté à l’ombre puis plier. Il y a du monde installé sur la crête et je voudrai partir avant tout le monde.
Je lève le camp, direction le col de Portet et le Lac de l’Oule.

Je remonte sur la crête et retrouve le GR. Je dois prendre 500 m de dénivelé et ça monte tout de go,  mais ça se passe bien et j’atteins déjà le long replat qui contourne le sommet arrondi de la montagne. J’avance, je pousse sur les jambes et les bâtons, allez, je vais mettre du rythme. J’approche du col, les voitures montent en un long convoi pour disparaître dans le tunnel sous la station du tire-fesse. 

Ça bouge par là, les brebis changent de quartier, poussées par une bergère avec qui je vais papoter un petit peu avant de faire le plein d’eau à une source et continuer.
Dernière montée avant d’atteindre la station, en travaux. Sur le parking il y a foule, des groupes qui se préparent à partir. Journée de randonnée pour les vacanciers, pour moi aussi. Mais j’ai une envie pressante, quelque peu toujours dérangé. Il y a urgence avant qu’il y ait accident… Pas facile, il y a du monde, peu d’endroit isolé, sauf peut-être…peut-être cette bosse encore couverte de neige, cette bosse de ski à bosses, suffisamment haute, suffisamment large…Pas trop le choix…

Ouf ! Soulagé,  je vais pouvoir repartir. Le GR part sur la droite et contourne la montagne de Montarouyes, et pour ma part je vais éviter de suivre les groupes et prendre la piste qui longe le ruisseau de Sabourès jusqu’au restaurant en bas des pistes. Finalement j’ai bien fait de passer par là, les marmottes ont investies les fondations des téléskis et se promènent tranquille dans l’herbe. Tranquille…c’est le cas de le dire. Je suis le seul humain à passer par là.

J’arrive au restaurant en bas de piste, fermé en saison d'été et je continue le sentier qui longe le remonte pente qui va jusqu’au lac. Le seul bémol, bien que l’endroit soit superbe, c’est que des travaux d’adduction d’eau sont en cours. La tranchée béante longe le sentier, ça gâche quelque peu le jardin d’eden, mais bon je ne suis que de passage. J’arrive au bord de la descente sur le lac, c’est bien raide, et je me retiens aux branches pour ne pas m’emballer… Reste le talus sur bord de la piste à descendre, je cherche l’endroit le moins haut et me voila sur la piste qui contourne le lac le l’Oule. Du coup, je retrouve les groupes, direction le chalet Refuge de l’Oule. Le lac est sympa, même s’il est artificiel et fait parti d’un complexe de retenues d’eau.

Petite pause au refuge où je vais prendre un jus de fruit avant de repartir. Je prévois de déjeuner au Col d’Estoudou, 450 mètres de dénivelé a faire, tout de même.
Je contourne le lac,  dans le sens des aiguilles d’une montre et je récupère le GR10. Allez Petitpas, courage. J’attaque, plutôt en forme, je me sens mieux, pourtant ça grimpe, un bon 45% énorme, le nez dans le talus. Le sentier passe à coté du torrent qu’il croise et recroise, et qu’il va croiser une fois de trop… Je suis un sentier, mais je perds le GR et je m’en rends compte un peu tard.  Je me retrouve côté droit du torrent alors que le GR monte côté gauche. Tant pis, je ne peux pas me perdre, faut monter, y a plus qu’a!

Le sentier se fait de plus en plus hypothétique, pour ne pas dire inexistant. Je monte, version tout terrain. Et enfin de débouche sur la partie presque plane. Super, je vais faire quelques photos, de belles fleurs parsèment la prairie. Je vais même trouver une source et refaire le plein de ma  gourde. Allez dernier coup de collier pour atteindre le col. Belle montée, pas facile, mais que j’ai assez bien abordé. Suis assez content, pas trop fatigué, tout va bien.

Je m’installe au bord du précipice, impressionnant, la vue est spectaculaire, même si je ne vois qu’une petite partie du lac d’Oredon. Je vais déjeuner tranquillement au soleil. Il fait beau, il fait bon, l’endroit est sublime. Que demander de plus… peut-être un peu moins de monde… Le parc national des Pyrénées serait-il devenu un parc d’attraction… les cars et les campings cars montent en de longues files les lacets qui permettent d’accéder au cœur du parc. Il y a quand même deux poids deux mesures alors qu’un randonneur ne peut installer sa tente qu’à une heure des limites du parc ou au parking du lac d’Auber.

Il se trouve que j’avais prévu de quitter le GR10 à cet endroit pour descendre vers le Lac d’Oredon  puis de monter au Lac de Cap de Long. J’ai prévu ensuite de monter vers le Pic de Campbieil et par la Hourquette de Cap de Long avant de redescendre par la cabane de Sausset vers Gedre.

Je me sens bien, la montée du col d’Estoudou m’a rassuré, ce qui me rassure moins, c’est la quantité de neige que je risque de trouver à la montagne de Cap de Long. C’est blanc sur les cimes alentours, même si je ne vois pas exactement les pic d’Estaragne et de Campbieil, et puis je ne peux guère compter sur un sentier balisé ni même marqué de cairns.
Bref, je ne me sens pas prêt a faire une grosse ascension en crampons, ni à m’embarquer sur du hors piste délicat. Je suis encore bien chargé, ça c’est indéniable, mais c’est surtout une bonne excuse.

Je décide de continuer le GR10. C’est parti ! Le sentier est superbe, dans un sous-bois agréable, des sources le traverse et je vais remplir ma gourde. Direction le lac d’Aumar ! Rançon du succès, je vais croiser une multitude de groupes, jeunes, vieux, enfants, retraités, couples et familles, colonies… Infernal je n’en peu plus de dire bonjour, de laisser passer les groupes sur l’étroit chemin. En contrebas, le lac d’Oredon, d’un bleu azur, s’étire entre les versants boisés.

J’arrive enfin a proximité du lac d’Aumar, je me pose un instant, presque les pieds dans l’eau. Je fais des photos des alentours et du Neouvielle qui s’impose…Magnifique… avant de repartir Je me dirige ensuite jusqu'à la maison au bord du lac,  puis je vais couper pour rejoindre le parking à proximité du lac d’Aubert. C’est le coin des arrivées et des départs des navettes, et il y a du monde et ça me saoule. Le lac est à sa côte basse, enfin plus que basse puisque des travaux sont en cours sur sa retenue, que le Neouvielle surveille de haut.

Pour la suite, j’ai rien de prévu, et à ce niveau, j'ai deux options : je peux soit suive le GR10 vers le col de Madamète, soit monter vers la Hourquette d’Aubert. J’opte pour la seconde, j’ai pas eu de coup de foudre pour les étendues d’eau qui ont tout envahies, sans parler d’une autre invasion, humaine celle là. J’ai envie de voir des lacs, sauvages, inscrit dans un coin de nature inviolée, dans un écrin naturel et sauvage, comme une pierre précieuse sertie sur une monture d’exception. 

Les sommets qui s’égrènent alentours sont des montures exceptionnelles. Je vais aller voir les lacs Campéssous, le Pic d’Astazou. En prime je dois sortir des limites du parc, et je devrais pouvoir m’y installer pour la nuit.

Direction la Hourquette d’Aubert.  Il fait encore très beau, même si les nuages commencent à apparaître au delà du Pic dets Goubous. Le sentier est sympa, bien marqué, et je croise encore beaucoup de monde, au moins deux bus de Polonais ou d’Este…Ah les vacances ! Avant d’arriver à la Hourquette ce sera un groupe de scouts ados … Neouvielle a du succès, c’est indéniable !

C’est mon troisième col aujourd’hui, près de 1500 m en cumulé, en trois fois. J’arrive à la Hourquette, j’ai pris mon temps à photographier les différentes vues sur les lacs et sur le Néouvielle. Il n’est que 16h30, et je vais avoir le temps de m’installer tranquillement. 
  
Hélas, les nuages sont venus s’accrocher au pic et couvrent le plateau d’altitude où se trouvent les lacs. Dommage. J’attaque la descente vers le lac Estagnol, assez pentue, aux pierres assez instable. J’arrive au bord du lac et je trouve un coin ou je vais pouvoir installer ma tente, un petit coin herbeux entouré de pierres. La brume tombe, fraîche. Je vais jusqu’au lac faire un brin de toilette. A l’autre bout du lac, j’entends puisque je ne les vois pas dans le brouillard, des jeunes qui vont faire un plongeon…Brr elle est glacée… Il ferait soleil encore, mais la brume a bien rafraîchi l’atmosphère et alors qu’il faisait chaud sur les lacs d’Auber et d’Aumar, ça caille ici. Donc pas de trempette pour moi ; toilette de chat encore une fois.

Une fois dressé la tente, je ne vais pas m’éterniser dehors et préparer mon repas à l’abri de la toile, puis dodo. Il ne fait que 12° vers 20h. Je suis quand même installé à près de 2300 m. 

Etape 5 :De Luchon à Hendaye, ma traversée des Pyrénées en 2014.

Cinquième jour, le mercredi 23 Juillet 2014.

Lac Estagnol – Luz Saint Sauveur :  Distance : 20.938km, D+ 247m  D- -1802m


Gavarnie – Pont d’Artigouli (Gave d’Ossoue) : Distance : 4.809km, D+ 334m


Dans la nuit, envie pressante oblige je me lève et sors dehors…la brume est partie et forme une mer de nuages plus bas dans les vallées. Le ciel est magnifiquement étoilé mais je ne m’attarde pas ; Il fait un froid de canard, et je retourne au chaud sous ma couette.
Le réveil sonne et j’ouvre. Le temps est clair, pas un nuage, superbe. La toile s’est couverte de condensation et il fait très froid, 2,5° vers 7h d u matin, ça caille ! et je marche au ralenti, mode diesel.

J’éponge, je déjeune, je plis, je range, je fais mon sac, ah oui, il faut que je sorte mon GPS car je n’ai pas de carte du secteur. J’avais tellement espéré passer par le Pic de Campbieil et par la Hourquette de Cap de Long que j’ai coupé au ciseau  la partie de carte dont j’ai pensé n’avoir aucune utilité, mais bon, il se trouve que là, comme je dois aller plein nord, j’en aurai eu bien besoin… En fait, je ne sais même pas où je dois aller, ce que je vais rencontrer… et cerise sur le gâteau, je n’ai aucune idée de la façon dont je vais rejoindre Gavarnie depuis Luz Saint Sauveur. 

C’est pas un contretemps… c’est un changement. Je n’ai pas trouvé ce que j’espérais, je suis contrarié, pas au top de la forme, même si j’ai plutôt bien passé la journée de la veille. J’ai assez bien respecté le planning pour l’instant, mais je n’ai pas le top moral et si je dois me taper une journée de marche en foret le long du Gave de Pau, je sens que je vais faire une déprime. Bref, il en faudrait peu pour que je décide de rentrer aujourd’hui.

Allez c’est parti. Dommage, l’endroit est sublime, succession de petits lacs, le lac Nère d’abord, puis le lac Blanc, enfin le lac dets Coubous. Il y a un refuge pas loin et je vais être emmené à faire le guide :  « Mais oui, montez jusqu’aux lacs plus haut, ce n’est pas dur » auprès d’une dame qui ne sait pas trop quoi faire de sa journée. Je traverse le barrage et j’attaque la descente vers Superbarèges.  Bonne descente qui me permet de retrouver le GR10, ensuite il suffit de suivre le vallon et là je découvre l’iris des Pyrénées, la fleur reine de ce massif, et là,  aucune objection possible, l’iris est partout ici, couvre tout, irise la montagne de son reflet bleu, magnifique, spectaculaire.  Je vais passer un bon moment à faire des photos, tenter de voler la féerie de ces lieux.

Je continue ma descente et si j’arrive à la station de ski, je croise une fois de plus pas mal de randonneurs en herbe, un groupe important d’ados en colonie qui monte au pas…la montagne ça vous gagne… 
Plus bas, à la station, une jeune anglaise qui veut surtout être rassuré va me demander de lui confirmer le chemin. Très sympathique en plus, on va papoter un moment. 

J’arrive au parking de Tournaboup et de nouveau, les campings cars, les cyclistes ont envahis les lieux ; c’est la route qui monte au Tourmalet  et le prochain passage du tour fait déplacer un grand nombre d’aficionados. Je vais prendre la piste qui longe le torrent afin d’éviter de marcher sur la route et éviter la circulation. Bon, ce n’est pas le top cette route. Le torrent a fait pas mal de dégâts lors de la crue de l’an dernier. 

J’arrive à Barèges, en travaux ; le torrent a tout emporté dans la petite ville et les chantiers s’étirent sur tout le village, renforcement des berges, reconstruction des ponts et des passerelles. Je fais une halte au à la supérette casino et prends des fruits frais et du jus d’orange, plus loin à la boulangerie, je vais prendre du pain frais et un sandwich. Je refais mon sac, j’évacue mes poubelles et je repars. Je vais suivre à présent le GR10 F , F comme facile qui passe par Sers et Viey. Le sentier longe le torrent à mi hauteur de la montagne. Agréable, bien aménagé, il me permet de bien avancer. 

Il n’est pas encore midi et j’arrive à Vielha, peu avant Luz-Saint-Sauveur. Je vais prendre un panaché à la terrasse d’un café, puis je vais m’avancer encore un peu avant de faire ma pause déjeuné. Ça monte de nouveau alors que je ne faisais que descendre depuis mon départ ce  matin ; alors la pause est bienvenue. Il fait beau et ça commence à chauffer.
Je repars, et je rejoins le GR10 officiel. S'en suit une bonne descente sur les faubourgs de la ville. J’approche du camping et de la piscine et je décide de rejoindre le centre ville afin de voir si je trouve des transports en commun ou une navette qui pourrait me conduire à Gavarnie. 




Au syndicat d’initiative, on m’informe qu’il n’y a plus rien pour la journée, sauf des taxis ou du stop. Alors j’opte pour le stop, enfin je vais essayer… La problématique reste la même ; une journée de marche encore avant d’arriver sur Gavarnie… ou rentrer… Alors le stop pourrait me permettre d’avancer, de m’éviter une vingtaine de kilomètres en forêt. Je tente et si jamais ça ne marche pas, j’aviserai.
Je prends la longue ligne droite qui me rapproche du gave, et une fois passé la courbe je tends le pouce : une voiture, deux passent puis une troisième qui s’arrête. Un Ch’ti avec son petit fils qui va au cirque, moi aussi ! Merci beaucoup. C’est vraiment sympa. On va papoter un peu, le papi n’est pas fan du cyclisme, mais il aime les Pyrénées.  Nous arrivons à Gavarnie et il me dépose sur la place alors qu’il part se garer un peu plus loin. Merci beaucoup.

Je fais le plein de ma gourde à la fontaine du village puis je recherche la meilleure route pour rejoindre le GR10. Je vais suivre la D923 puis la D128 au premier lacet. Passé la D923, je quitte enfin la civilisation, enfin surtout l’attrait du cirque pour les touristes. Je longe le gave d’Ossoue et retrouve le balisage du GR10.

Passé le petit pont sur le gave, je tombe sur un camping à l’allure de camp de scout. Le sentier traverse le campement et alors que je le quitte je croise une jeune femme qui me demande à quelle distance se trouve le pont de Saint Savin. Je sors la carte et constate que nous nous y trouvons en fait. Elle commence à me dire qu’elle a rendez vous avec un ami au camping, et nous constatons que les tentes sont en fait un camping sauvage, et comme elle le constate aussi, elle se demande si c’est une bonne solution de s’installer ici, apparemment seule. 
Nous allons discuter un bon moment et je vais lui faire part de mes habitudes en mode bivouac. « Un point d’eau et à l’abri des regards ». On va se quitter et je vais continuer, mais je vais manquer la montée vers le refuge de Granges de Holles et continuer par le bois de Saint Savin. Tant pis, enfin tant mieux…j’ai envie de m’installer à proximité du gave et de trouver un bassin dans lequel patauger. Au pont de St Savin j’ai constaté que l’eau n’était pas trop fraîche et comme le temps est enfin beau en cette fin d’après midi, j’ai vraiment envie de faire trempette.

Passé le bois, le sentier se rapproche de la route et du gave qui me fait de l’œil «  Suis beau hein ! Ecoute mon doux bruit »  Comme je l’imaginais des bassins assez profonds vont me permettre de me tremper. Je trouve un coin ou je pose la tente, à l’abri des regards depuis la route. Il fait chaud, et il n’est pas trop tard. Allez, à l’eau !Bon elle est fraîche, mais ça fait du bien de se laver, de se sentir propre, de se baigner. Je vais laver mon linge, me raser, prendre le soleil sur un gros rocher puis monter la toile.

Tant pis pour le puriste, j’aurai pas fait la traversée totale des Pyrénées à pieds, mais comme je me sens bien ici. Je ne regrette pas d’avoir fait cette entorse. J’aurai pu marcher un peu plus ce soir, mais là aussi, la découverte de ce petit coin de paradis, ce moment exceptionnel et unique dans cette itinérance, ça aurait été dommage de ne pas le vivre.  Demain, promis je partirai de bonne heure pour arriver le plus vite possible au lac du Barrage d’Ossoue. 

Etape 6 :De Luchon à Hendaye, ma traversée des Pyrénées en 2014.

Sixième jour, le jeudi 24 Juillet 2014.

Pont d’Artigouli (Gave d’Ossoue) – Refuge Wallon Distance: 23.714km, D+ : 1683m D- : 1460m



Réveil à 5h ! C’est un grand jour pour un grand sommet : le Vignemale ! D’accord, je ne vais pas monter jusqu’en haut, mais seulement passer devant, mais quand même ! C’est le moment mythique de cette traversée. L’an dernier j’ai du renoncer au mont Valier, alors cette année, la Hourquette d’Ossoue, c’est un peu comme le point culminant de cette itinérance.

Rangement à la frontale, il ne faut pas que j’oublie le linge qui sèche étendu. Le jour commence à pointer et je boucle mon sac. Je rejoins la route, la D128 et parcours d’un bon pas les quatre bornes qui me séparent du barrage. Les fourgons remplis de randonneurs me dépassent. Ils vont sur les cimes, accompagnés…un aller-retour dans la journée. Bon, l’avantage pour moi, c’est que je vais être bien chaud pour monter. 

Là aussi, la retenue est en travaux et le lac est à son niveau le plus bas. Je suis le sentier dans la Houlette d’Ossoue, la vallée glaciaire couverte de moraine et arrive à la passerelle en travaux elle aussi. Je n’avais pas vraiment saisi le teneur des affiches informant de passer sur l’autre rive du gave…et je viens de comprendre en fait…je vais devoir traverser le torrent à pieds nus.

Me voici face à un mur, au pied du mur, un mur de plus de mille mètres de hauteur. Impressionnant ! Je me demande comment l’aborder. Sur la carte, ça ne parait pas aussi impressionnant, Il y a bien quelques lacets tracés avant d’arriver sur Baysselance, mais rien de bien inquiétant, même le profil ne semble pas démesuré ; pourtant le mur qui se dresse devant moi et que le soleil darde de ses premiers rayons est impressionnant. Allez, c’est parti !

Finalement, de seuil en seuil, de palier en palier,  montée après montée, j’arrive en vue du refuge. J’ai pris mon temps, tranquille, profitant de la grandeur des lieux, profitant du soleil, des vues sur la brèche de Roland qui se profile au loin. Je passe devant les grottes Bellevue, dernière montée et j’arrive sur le gros névé qui rempli la vallée. Le refuge est de l’autre coté, un peu plus haut. J’y vais et je m’installe sur la terrasse où je vais consommer un jus d’orange. Petite pause avant d’atteindre la Hourquette.  

Je repars… la dernière montée semble toujours moins dure, comme si de voir le sommet enlevait toute fatigue de monter. J’atteins la Hourquette d’Ossoue, le vide me fait face, un immense trou et il y a beaucoup d’éboulis sous le Vignemale. Une partie du glacier s’éffondre dans un bruit fracassant : Impressionnant. Tous regardent l’endroit où semble venir le roulement de tambour. Inquiétant ! Il y a du monde au col, c’est le point de jonction vers les cimes, le petit Vignemale, la pointe Chaussenque et je vais regretter de n’avoir pas tenté de les gravir… ils sont à ma portée…

Je descends, le sentier est à peine marqué dans le pierrier,  je fais attention, la descente de ce côté est moins facile que de l’autre. Dans la descente, je vois de l’autre côté de la vallée le col des Mulets et son accès : une ravine couverte de neige, un gros névé qui descend assez bas. J’aperçois un groupe qui monte en cordée. Ça n’a pas l’air d’être de la tarte et puis là, j’ai plus le choix et je ne veux surtout pas descendre sur Cauterets par le lac de Gaube. J’ai les crampons et je vais me tester sur ce névé. Ce sera une bonne occasion de m’entraîner.

J’arrive au refuge des Oulettes de Gaube. Il est presque midi et je vais en profiter pour y déjeuner. Au repas : Omelette fromage-lardons et un quart de vin rouge. Finalement auprès des autres randonneurs, je fais très coureur de  montagne : je descends de la hourquette d’Ossoue avec mon petit sac à dos, une omelette, un canon de vin rouge et je repars...

Direction le col des Mulets. Je remonte la vallée herbeuse et me trouve face à la montée ; La première partie de montée se présente sur du dur, ça monte bien mais ça se fait. On est deux à monter, un jeune homme, bien chargé, un sac devant un autre derrière, sans bâtons et moi-même. Comme souvent dans ce cas,  on fait nos pauses en alternance jusqu’au moment où on va s’attendre et entamer la discussion. On va monter ensemble, enfin jusqu’au névé. Il n’a pas de crampons, ni de bâtons. De toute façon le sentier est marqué et balisé un peu au delà de la ravine dansles rochers, évitant le névé jusqu’au col. 

Pour ma part, je chausse les crampons, c’est la première fois sur cette rando, et je me lance sur le névé. Aucune obligation puisque le sentier est juste à côté, mais c’est une initiation, un exercice que je m’oblige à faire. Sur la fin, je vais en baver, la pente est forte, et je ne tiens pas à me louper et je n’ai pas encore cette expérience non plus. J’arrive enfin au col, mon compagnon de montée vient d’arriver et il fait sa pause dejeuné. Allez c’est bon, j’y suis arrivé, j’ai les jambes en coton quand même… 

J’arrive au sommet au moment un groupe avec des ados s’apprête à descendre, sans vraiment évaluer la difficulté.  Ils se lancent sur la neige… STOP ! Heu …c’est la première fois que j’interviens auprès d’une personne… 
-          « Vous n’allez pas descendre par là sans équipement ? Vous avez des crampons ?
-          - Heu non…
-          - C’est raide ! et c’est une vraie patinoire par endroit, je vous le déconseille, vous avez le sentier balisé là juste sur la gauche.
-          - Ah bon merci… »

Pas évident d’intervenir de dire aux autres ce qu’ils doivent faire. Allez, pause avec mon camarade lillois.  De l’autre coté, la montagne forme un cirque et le sentier qui descend juste après le col  va traverser tout le cirque jusqu’au col d’Arratille presque en face.
Je pars le premier, laissant mon co-randonneur le temps de terminer sa pause. Descente délicate, puis j’avance sur le sentier. Il fait chaud ici, ça cogne dans ce coin, et la source qui coule juste à côté du chemin est la bienvenue ; je fais le plein de ma gourde et je repars. 

J’arrive le premier au col d’Arratille, mon camarade peu après moi, « ça c’est fait ! » ce n’est que mon troisième col aujourd’hui. On papote un peu, notamment sur le but de cette journée. Moi, je me poserai bien au lac d’Arratille, lui veut aller jusqu’au refuge Wallon.  Il n’est pas très tard, il fait beau encore et des orages sont annoncés pour la soirée. On attaque la descente du col et je prends de l’avance. Je suis moins chargé que lui et avec les bâtons j’ai plus d’appuis, plus d’équilibre. Je vais continuer jusqu’au lac et faire trempette des pieds. Ça chauffe et je commence à avoir les pieds en compote. Le lillois arrive enfin et continu. Je vais également continuer vers le refuge Wallon. S’il doit y avoir un orage violent autant être à proximité d’un bâtiment en dur… et puis ça me rapprochera. Encore une heure de marche. Je vais rattraper le collègue et on va marcher ensemble jusqu’au refuge.  

Le coin est superbe, sublime, une magnifique vallée à la rivière ondulant sur une verte prairie, des bois qui entourent le refuge aux volets rouges, une chapelle… Nous arrivons et on va s’assoir sur le table à la terrasse ensoleillée. On va prendre une bière et potasser les cartes. Lui doit retourner sur Cauterets et prévois de passer par le lac de Pourtet, moi, je dois filer plein ouest, vers le col de Cambales. Notre bière terminée, on installe nos tentes sur la zone prévue à cet effet et faire un brin de toilette dans le gave des Batans. Les nuages vont faire leur apparition et ça va se rafraîchir. On va discuter un peu puis je vais aller dîner puis me coucher, j’ai prévu de ne pas partir trop tard, lui par contre a du mal à se lever de bonne heure, donc on risque de ne pas se revoir. 

Etape 7 :De Luchon à Hendaye, ma traversée des Pyrénées en 2014.

Septième jour, le Vendredi 25 Juillet 2014.


Refuge wallon - Refuge de Larribet. Distance : 19.502km, D+ :1398m D- :1197m



Réveil à 6 h ce matin ! Il a fait orage cette nuit, un gros coup de foudre qui n’est pas tombé loin. Il a plu aussi, mais pas très fort et pas trop longtemps. Par contre, ça tonne encore, au loin, des orages qui tournent. Je sors de la tente pour me rendre compte. Le Vignemale garde pour lui de gros nuages noir et les orages tournent longtemps autour du sommet avant de suivre un courant d’air porté par une vallée. Il me semble justement qu’un orage descend le Gave d’Arratille. Je me hâte de ranger et de plier la toile encore bien mouillée et de partir avant d’être sous un orage.

Direction les lacs et le col de Cambalès par le Pé dét Malh ; Je remonte vers le refuge, je passe devant la chapelle, et je file a travers le bois, m’éloignant du refuge. J’arrive à l’intersection des sentiers vers le lac du Pourtet et les lacs de Cambales qui sont annoncés à 1h30 de marche, moi qui pensait avoir bien avancé. Je vais prendre mon mal en patience et avancer, étape après étape.  
Curieusement, c’est un amphibien cher à François 1er qui va occuper mes pensées, et me permettre de faire des photos : la Salamandre, des dizaines de salamandres qui traverse le sentier, parfois seule ou par deux… étonnant d’en voir autant sur une aussi relative courte distance et à plus de 2000m d’altitude.

J’arrive au niveau des premiers lacs,  dommage il ne fait pas très beau et c’est nuances de gris sur gris, par contre les sommets alentours sont encore bien blancs. J’imagine et j’espère que le col est libre de neige… Je passe les lacs d’Opale, moi qui évoquait des pierres précieuses l’autre jour…là le temps ne les mets pas en valeur, ça vaudrait le coup de revenir avec un temps plus ensoleillé…

Ça monte après cette série de lacs, le sentier est bon et plutôt bien cairné, et j’imagine que je vais franchir le col, hélas, faux espoir, j’arrive face a un cirque et hormis quelques dorsales transversales, les pentes sont couvertes de neige, et si je devine le col, je me rends compte que je vais devoir chausser les crampons. Cette fois j’ai beaucoup moins d’hésitation, fort de mon expérience de la veille. J’arrive pas vraiment à faire le rapprochement avec la carte, les deux lacs les plus hauts sont encore couverts de neige et seul celui à ma droite est a peine déneigé en son centre.

Je chausse les crampons, quelques gouttes de pluie et du vent fort vont m’accompagner, surtout en arrivant près du col. Ça caille, il fait très froid, et arrivé au col, la pluie tombe vraiment fort, glaciale et le vent va forcir encore. Je ne vais pas m’attarder et entreprendre la descente de façon impromptue.

Descente sur un gros pierrier, bien raide.  Passé la première partie, j’ai un gros névé tout aussi raide à descendre et à traverser. Je rechausse les crampons et en avant… Je suis bien contents d’avoir pris ces crampons. Ils sont légers, ils se chaussent facilement sont tout aussi facile à enlever et me permettent de bien passer ces névés. Je vais devoir en traverser encore deux, entrecoupés d’arrêtes et enfin arriver au Port de le Peyre-Saint-Martin. ça c’est fait, 900 m de dénivelé déjà.

Maintenant ça ne fait que de descendre, dix kilomètre de descente jusqu’au lac de Suyen ; un peu monotone, surtout que les panneaux que j’ai pu voir, annoncent des temps astronomiques… Monotonie donc, les lacs de Remoulis enserrés au fond de l’étroite vallée ne sont pas très spectaculaires. Apres une série de lacets je vais tenter d’apercevoir le refuge Ledormeur, même si je ne tiens pas tellement à monter vers celui-ci quand bien même une superbe omelette m’y attendrait. ( Le refuge Ledormeur est juste équipé de couchages et donc je n’aurais pas trouvé d’omelettes …) 

Passé les lacets, je vais avancer jusqu'à la Couradette et faire ma pause déjeuné. Je vais en profiter pour sécher la toile de tente. Je vais aussi faire le plein de ma gourde à une petite source un peu plus haut puis repartir. Les nuages arrivent de la vallée et je me dépêche de ranger ma toile maintenant qu’elle est sèche.

Je croise trois jeunes allemands qui me demandent si on peut passer par le col de Cambalès. De nouveau, je vais leurs conseiller de monter et de descendre avec des crampons… qu’ils n’ont pas. Ils veulent tenter de passer par le col  de la Fache qui est un peu moins haut. Je ne suis pas sûr qu’il y ait moins de neige, surtout qu’il semble orienté comme celui de Cambalès, mais comme je n’ai pas d’idée de la montée, pas d’objection, bonne chance !

J’arrive en vue du lac de Suyen et finalement j’ai bien marché, je  suis allé plus vite que les indications. J’ai manqué le raccourci qui coupe et je suis descendu presque au lac pour revenir sur la cabane de Doumblas. La cascade est belle, bucolique et je ne regrette pas d’être descendu si bas.

Il y a du monde à la cabane, un groupe avec des enfants qui fait une pause déjeuné, des Espagnols apparemment. Le refuge de Larribet est annoncé à deux heures de marche. J’attaque la montée, au départ  sur un terrain dénudé mais j’arrive assez vite sous les sapins. Le torrent coule à proximité, passant de bassins en petites chutes bruyantes. L’endroit est sublime, une véritable jardin, le paradis…et je ne suis pas au bout de mes surprises ; la Claou. L’Eden… j’ai trouvé l’Eden, certainement l’endroit le plus beau que j’ai pu voir de ma vie, de toutes mes randonnées.

Je le quitte à regret, en me promettant d’y revenir. J’arrive dans la vallée d’altitude et suit le ruisseau de Larribet. Le refuge se présente telle une sentinelle perchée à 2072 mètres. J’arrive assez vite face au premier dénivelé. Je commence à accuser de la fatigue et je vais bien ralentir mon rythme et trouver difficile cette dernière montée. J’arrive enfin au pied du refuge et sur la terrasse, juste avant des Espagnols particulièrement en forme qui se tirent la bourrent là ou je peinais. Je vais prendre une bière, discuter un peu avec les gardiennes intéressées par mon retour d’expérience sur le Cambalès. Je vais en profiter pour avoir quelques informations sur le col de la Lie. Les filles sont sympas, et on va papoter un bon moment…du coup, je vais prendre le dîner au refuge.

Je vais installer ma tente, plus bas, sur une terrasse à proximité de sources, faire un brin de toilettes, puis monter dîner. Entre-temps les espagnols sont arrivés, un gros groupe de collègues de travail apparemment, avec enfants, une bonne quarantaine de personnes. Laetitia va faire en sorte de regrouper les six français…

Le repas est succulent, je me suis régalé. On a bien discuté avec le groupe, notamment avec le pêcheur, mais aussi avec les autres décidés à monter au Balaïtous. Seul bémol, les Espagnols ont été particulièrement bruyants, impossible de s’entendre parler… ce n’est pas sans plaisir que j’ai regagné la tente et le silence. 

Etape 8 :De Luchon à Hendaye, ma traversée des Pyrénées en 2014.

Huitième jour, le Samedi 26 Juillet 2014

Refuge de Larribet – Refuge de Pombie : Distance : 17.906km, D+ :1653m  D- :1684m



Beaucoup de condensation ce matin encore, alors que l’extérieur est sec. Je vais éponger au maximum plier, ranger et partir…aux environs de 7 heures, avec le soleil rougeâtre au levant. Il va faire beau, enfin pour ce matin au moins.

Je remonte vers le refuge, déjà les espagnols sont sur le qui-vive, prêts à en découdre avec les cimes françaises. Certains sont très bien équipés pour faire un peu d’escalade…
Je me hâte de partir, je ne tiens surtout pas à faire le lièvre et à les voir me tirer la bourre, ce qui au regard de leur forme ne serais qu’une formalité. Je monte vers la brèche mais je vais contourner le sommet pour arriver au dessus du lac de la claou, juste en dessous du lac de batcrabère.

Je dois descendre vers le lac puis trouver le sentier qui doit couper le ruisseau qui en découle et remonter juste en face. Une des filles du refuge m’a informée que le sentier était à peu près bien cairné.  J’arrive au début à le suivre même s’il n’est pas très bien prononcé, puisque apparemment peu emprunté mais je ne suis pas au bout de mes peines ; je vais trouver un névé plan sans difficulté, pourtant le sentier doit passer dessous et je vais avoir le plus grand mal pour voir vers ou il me faut aller. J’hésite, je tourne, je retourne, rien…  

J’ai à peu près repéré le passage et je vais m’engager sur le versant pentu. C’est un véritable engagement et surtout une grosse improvisation,avec des passages difficile par endroit. Je vais arriver dans un couloir bien enneigé encore. Je vais chausser les crampons et attaquer la montée dans le couloir mais la pente devient très raide et je vais opter pour passer par le pierrier à coté et déchausser. Je vais quand même retrouver la piste, enfin une trace et quelque cairns.  Du coup, avec toute cette neige, je vais rechausser les crampons, mais je vais monter trop haut, et insister en espérant que je vais déboucher près du col, hélas, ça ne sera pas possible et pourtant je vais insister encore, en mode grimpette avec les mains, escalade quoi, doublement inutile puisque ce n’est finalement pas possible. Je suis obligé de faire demi-tour et prendre le couloir à ma droite en contrebas. Je ne vais pas avoir besoin de cramponner et enfin je vais atteindre le col de la Lie à 2469 mètres.

Une autre vallée s’offre à moi. Au départ c’est un pierrier, assez difficile aux gros blocs instables. Passé cette difficulté, c’est un long néné qui couvre le fond du vallon jusqu’au lac de Batboucou. Je n’ai pas trop d’hésitation, je chausse les crampons et je me lance les deux pieds devant jusqu’en bas. Je vais déchausser toutefois, traverser un autre pierrier et me lancer sur un autre névé. En équilibre sur les bâtons, je ne vais pas mettre dix minutes depuis le col pour atteindre le bord du lac, ça c’est fait !

ça va se compliquer pour passer le long des lacs. Je vais passer par un pierrier de gros rochers et atteindre l’extrémité du premier lac et atteindre le second. Je vais changer de côté et éviter le pierrier cette fois. Ces lacs sont magnifiques, le second est un petit bijoux dans un écrin…

Reste a descendre sur le lac d’Artouste. Un izard va monter dans les rochers et je ne vais même pas arriver à le photographier. Le lac d'Artouste est beau, d’une belle couleur bleutée enchâssé dans un cirque de belles montagnes. Le sentier qui y descend est bien marqué, même si je suis seul à arriver de là aujourd’hui. Je descends jusqu'à proximité de l’imposant barrage. Là c’est l’invasion, les petits trains déversent leur flots de touristes en mal de montagne, la plupart Espagnols (encore). Ils sont rigolos ces petits trains jaune et rouge qui montent de l’immense vallée qui file plein nord.

Je passe le barrage et je contourne un étrange petit lac qui fait des bulles. Étonnant. Je longe le lac par son coté Ouest ; Il y a bien quelques randonneurs qui s’y risquent, mais plus j’avance, et moins on sera nombreux. J’attaque la montée ver le lac et le col d’Arrious. La montée par paliers est assez facile et j’arrive assez vite et facilement au col. Je vais en profiter pour faire ma pause déjeuné. Finalement j’ai déjà fais 1000 m de dénivelé depuis ce matin. Il n’y a plus grand monde par là. J’attaque la descente, une longue, très longue descente en fond de vallon long du ruisseau d’Arrious. On va être deux à descendre. Un gars qui se trouvait juste devant moi dans l’éboulis à la sortie du col mais qui va pas mal couper au cordeau les lacets et prendre de l’avance sur moi qui vais rester prudent et ne pas trop débouler dans les pierres.
En prime, je ne vais pas le courser mais je vais prendre mon temps et photographier pas mal de fleurs. J’arrive enfin à l’orée d’un bois et croiser pas mal de monde en sens inverse.  Dans le bois, mon téléphone va donner des signes de vie ; il y a trois jours que je ne capte plus… et il me faut aussi à mon tour donner aussi des signes de vie a mes proches.

Je vais repartir, descendre vers la route qui monte au col de Pourtalet la traverser avant d’attaquer la montée le long du ruisseau de Pombie vers le pic du midi d’Ossau, omniprésent. Passé le bois, je vais arriver dans une large vallée où les chardons bleus sont endémiques. On va les admirer avec un couple qui vient tous les ans admirer les chardons. Étonnant, Ils sont de partout, c’est à celui qui sera le plus bleu possible, du bleu pastel au bleu de Prusse, tous les tons de bleu sont présent. Je vais tenter de voler le plus intense… en photo.

Un peu plus haut, passé la cabane de Puchéoux, ce sera fini, plus de chardons ! Les troupeaux de brebis couvrent les flancs des montagnes. Bien qu’attenant et entourant le pic du midi d’Ossau, la haute montagne est terminée, c’est plus accessible, plus vallonné. Dernier coup de collier et j’arrive enfin au refuge de Pombie. Il y a du monde… c’est à toc et les tentes sont installées de partout. J’hésite à continuer vers les lacs d’Ayous, mais j’en ai assez pour aujourd’hui, 1650 de positif, 1680 en négatif : bonne journée.

C’est que le Pic du midi d’ossau est avant tout un grand spot d’escalade. Jusque tard dans le soir, je vais entendre crier les grimpeurs et entendre tomber des pierres… Port de casque recommandé !

Je vais planter la tente face à la vallée de Pombie, face au lever du soleil. J’ai trois espagnols comme voisins, des nanas discrètes aussi. Je vais faire ma toilette sous la tente, pas le top.  Je vais dîner puis extinction des feux et tenter de m’endormir avec les bouchons…les espagnols vont longuement discuter.